Mapping holographique au musée de Cluny

Une équipe agréée se charge de déplacer le fragment de chapiteau sur son support

Faire parler les pierres

C'est le titre de l'exposition au Musée de Cluny - musée national du Moyen Âge à Paris qui se déroule du 19 novembre 2024 au 16 mars 2025 et met en lumières les sculptures médiévales de Notre-Dame.

Suite à l'incendie du 15 avril 2019 et les travaux de reconstruction immédiatement entrepris, la cathédrale Notre-Dame de Paris a fait l'objet d'une étude approfondie et inédite durant les 3 années précédant sa réouverture.

Cette exposition fait partie du cycle d'exposition et de conférences en amont de la réouverture du monument en decembre 2024 et auquel nous avions déjà participé à la Sorbonne University Abu Dhabi dans précédente réalisation basée sur ces même travaux avec l'établissement public en charge de la conservation et de la restauration de Notre-Dame de Paris.

Cette fois-ci, en collaboration avec le musée de Cluny, l'Institut de Recherches Historiques du Septentrion de Lille (IRHiS) de l'Université de Lille et la plateforme PLEMO 3D, au sein du centre André Chastel, Faculté des Lettres Sorbonne Université, Holusion a pu continuer dans sa lancée de mapping holographique de chapiteau de Notre-Dame.

En partenariat avec l'Inrap, le musée de Cluny nous fait part d'une exposition exceptionnelle autour des décors sculptés médiévaux autour de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Aux côtés de remarquables fragments polychromés du jubé du XIIIe siècle qu'est installée une vitrine holographique Iris46, présentant de manière inédite une nouvelle lumière sur un vestige de chapiteau oublié depuis 40 ans.

Des solutions numériques au service la recherche

Ce chapiteau a été retrouvé en 1982 lors de travaux de rénovation dans la nef de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Ce chapiteau médiéval au décor très endommagé, déterré par des ouvriers, fut catégorisé "Hors-Contexte" avant d'être placé dans la réserve du musée de Cluny.

Mais, en 2019, la pose d'échafaudage du chantier de restauration au sein de la cathédrale a permis l'observation rapprochée de ses décors aux chercheurs. Ainsi, un lien a pu être fait entre un chapiteau à décor de créatures ailées et le fragment de chapiteau retrouvé 40 ans plus tôt.

Numérisés pour l'occasion par des techniques de photogrammétrie et lasergrammétrie par la plateforme PLEMO 3D, les deux oeuvres sculptées ont pu faire l'objet d'une étude comparative par superposition numérique via le logiciel Blender.

De part ce procédé, leurs similarités frappantes s'est imposée comme une évidence. Même taille, même décor, même maçonnerie. La comparaison soulève une question majeure : pourquoi deux chapiteaux si proches ont-ils suivi des itinéraires si différents ?

Mettre en lumière les travaux de recherche

Affichage des crédits de la vidéo de présentation du dispositif holographique au Musée de Cluny

Jusqu'alors oublié, le fragment de chapiteau considéré comme Non-Identifié s'est finalement vu sortir de la réserve pour se révéler aux yeux du grand public sous les projecteurs de l'exposition.

Posé derrière une vitrine holographique, un film de présentation est joué pour, non seulement décrire les hypothèses énoncées autour de l'histoire de ce chapiteau, mais également pour mettre en lumière les similitudes des deux décors lapidaires sculptés via l'utilisation du Fantôme de Peper.

Tel son confrère envoyé à Abou Dabi, une nouvelle jeunesse a été offerte à ce chapiteau pour imaginer son état initial. Mais à la différence que sa reconstitution n'a pas été recréée, mais directement reprise de son jumeau supposé, encore à ce jour installé sur l'une des colonettes du déambulatoire.

De par son apport de fusion entre oeuvre réelle et image numérique, l'innovation holographique offre une solution moderne, non-invasive ni destructrice, qui enrichit sémantiquement l'oeuvre en préservant son intégrité.

Remerciements et crédits

Dispositif de réalité mixte comparant deux chapiteaux de Notre-Dame, l'un mis au jour lors de travaux dans la cathédrale en 1982 et conservé au musée de Cluny, l'autre en place dans le déambulatoire.

Une vitrine holographique utilisant l'illusion d'optique du fantôme de Pepper permet de rapprocher leurs numérisations respectives.

Synthèse d'images Thibault Guillaumont et Jeanne Rossat (Holusion), conception et réalisation Sébastien Dumetz (Holusion), à partir de numérisations de Grégory Chaumet (Piemo 3D / Centre André-Chastel) avec l'assistance scientifique d'Élise Baillieul (Université de Lille).

Cette utilisation expérimentale de la technique holographique, mise en œuvre par la société Holusion, a été développée grâce au soutien de Sorbonne Abu Dhabi. Initiée dans le cadre de la préparation de la réouverture de la cathédrale, elle est le fruit d'une collaboration scientifique entre Delphine Syvilay (Sorbonne Abu Dhabi), Jonathan Truillet (établissement public en charge de la conservation et de la restauration de Notre-Dame de Paris), Dany Sandron et Grégory Chaumet (Centre André-Chastel / Sorbonne Université).